|	sweep the jerks off their feets digory & callum

Zephyr lui avait manqué. Heureusement pour lui, Callum avait réussi à éviter la visite chez ses parents en prétextant qu'il avait une montagne de travail et qu'il n'aurait sans doute pas le temps de passer à la maison, le seul mensonge qu'il pouvait s'autoriser à raconter et répéter autant de fois qu'il le fallait pour décliner les invitations de ses géniteurs. Il n'aurait pas pu supporter de les voir et de se disputer avec eux alors que tout ce qu'il désirait aujourd'hui, c'était se balader dans les rues de la capitale qu'il aimait tant.

Il faisait agréablement chaud, et le léger vent qui soufflait en cet après-midi empêchait le soleil de faire étouffer les habitants. Les gens profitaient du bon temps en s'entassant dans les tavernes et près des commerces, les rues étaient animées
- avec ses bruits et ses dangers.

Le jeune homme se faisait suivre depuis plusieurs minutes - l'individu était tout sauf discret, et le mage soupirait intérieurement ; pourquoi fallait-il qu'il s'attire des ennuis maintenant ? Les gens s'imaginaient souvent qu'un garçon seul avec une si frêle silhouette était une cible facile, et on le dépassait souvent en taille : les plus stupides ne pensaient même pas au fait qu'il pourrait maîtriser la magie et s'attaquaient souvent à lui - mais Callum ne se laissait jamais faire.

Il savait bien qu'il lui suffisait simplement de révéler son identité pour qu'on le laisse tranquille, mais Callum n'avait aucune envie que la ville soit au courant de sa présence ici - l'espoir de passer l'après-midi en paix et au calme, à flâner dans les rues, serait alors complètement anéanti.

Alors il attendit patiemment dans un coin de se faire rattraper par le gaillard, profitant de ce cours laps de temps pour jeter un œil aux alentours ; un spectacle avait lieu un peu plus loin. Quelques instants après, l'individu le rejoignit et agit immédiatement une fois qu'il remarqua que sa victime était à l'arrêt - et légèrement isolé - pour venir le saisir par le col.
La sensation de ses habits brutalement tirés en avant et la soudaine agressivité de l'homme qui le dépassait bien de dix centimètres l'insupporta, et avant même que son agresseur ne puisse lui cracher ses menaces au visage, Callum le repoussa et balaya l'espace devant lui d'un vif mouvement du bras, et l'air déplacé vint s'abattre avec violence sur l'ennemi.

Il observa le type valser à quelques mètres et s'écraser lourdement au sol, balayé en un instant par sa magie, avec un léger sourire satisfait. Puis il épousseta ses vêtements, tapotant sur la partie que son assaillant avait saisie.

— Je vous déconseille de revenir m'importuner, à moins que vous n'affectionnez la sensation de décoller du sol.

Puis il se tourna à nouveau vers la foule qui s'agglutinait devant le spectacle extérieur après s'être assuré que l'homme n'insisterait pas : et c'est enchanté qu'il l'observe repartir penaud, satisfait d'être à nouveau tranquille et prêt à profiter de la représentation.

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Quelqu'un s'arrête à son niveau ; chose terriblement contrariante pour un introverti de se retrouver si près d'un inconnu, au vu de l'espace dont jouissaient les spectateurs pour regarder la scène - ce n'était pas un spectacle d'extérieur pour rien. Mais on lui parle, alors il cache son agacement et relève les yeux vers celui qui le distrait de la représentation.

Il ne voulait pas attirer les curieux et était quelque peu déstabilisé par la soudaine approche de l'homme - il le scruta quelques instants, ses yeux passant discrètement en revue la cicatrice sur son profil. Lui qui ne voulait pas attirer l'attention, c'était raté : mais au moins, la personne ne l'avait pas reconnu. Il était d'ailleurs peu étonnant qu'on ne connaisse pas son visage en dehors de Sombrelune, étant donné que le mage sortait peu.

Après avoir examiné son interlocuteur, il reporta son attention sur la séance un peu plus loin. Le public amassé chuchotait d'excitation et tremblait d'impatience ; les deux hommes se trouvant légèrement en retrait, personne ne se souciait d'eux : toute leur attention était focalisée devant, et Callum et son allocutaire en faisaient de même - du moins, ils prétendaient le faire.

— Je ne doute pas qu'un grand gaillard comme vous n'aurait eu aucun mal à vous en occuper sans la magie, contrairement à moi, en effet.

Il était loin d'avoir la même force physique que lui : l'individu possédait des bras puissants et le dépassait de plusieurs centimètres. Callum avait beau ne pas avoir grand-chose en puissance physique, il savait très bien se défendre quand même. La magie lui avait facilité la tâche, évidemment, mais il était persuadé qu'il aurait pu s'en sortir grâce à son épée - avant de se souvenir qu'il l'avait laissée prendre la poussière dans son bureau à Sombrelune.

— Ce n'était pas vraiment déloyal, fit-il remarquer en le regardant à nouveau.

Il ne savait pas exactement pourquoi ou comment la situation précédente avait pu autant intéresser cet homme, mais il ne disait pas non à un peu de conversation, après tout ce temps passé enfermé à l'intérieur.

— Je ne considère pas cela comme "tricher", comme vous le dites : j'ai simplement utilisé les moyens à ma disposition pour en finir le plus rapidement et le plus efficacement possible. C'est le résultat qui compte après tout, n'est-ce pas ?

Un léger sourire se dessine sur son visage, que sa main timide vient cacher derrière ses doigts fins. Le spectacle avait commencé, et on pouvait entendre le public s'exclamer devant les scènes extravagantes se déroulant sous leurs yeux.

Les convictions du curieux l'amusait, et il était à deux doigts de se lasser des cracheurs de feu.

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Callum sent malgré lui le regard insistant, les yeux qui le scrutent - ce soudain intérêt fit ressortir sa timidité, le mage ne sachant pas comment réagir dans cette situation. Intrigué par l'attention qu'il lui suscite, il relève la tête vers l'homme, la penchant légèrement sur le côté l'air songeur.

— Je connais bien les environs, en effet. Zephyr est en temps normal une ville paisible où les ennuis sont rares ; mais ce ne doit pas être mon jour de chance, j'imagine.

La conversation l'amusait : c'était bien la première fois qu'un inconnu l'abordait de cette manière. Et, bien que leurs avis sur le dernier événement divergent, Callum ne lui en voulait pas - ce n'était pas nouveau qu'on considère les mages comme des tricheurs, comme l'affirmait le gaillard ; ou d'assumer qu'ils préféraient choisir le moyen facile avec la magie. Il ne pouvait démentir ce dernier fait, le jeune ayant lui-même évidemment plus confiance en ses capacités magiques qu'en sa maîtrise de l'épée - qu'il ne portait même pas sur lui. Oublier sa lame si souvent était un signe montrant qu'il n'en avait en réalité pas besoin. Il avait toujours su s'en passer et ce n'était ni aujourd'hui ni demain que cela changerait.

Les yeux rieurs et le sourire délicat, Callum était à présent focalisé sur l'inconnu.

— On dirait pourtant que vous demandez subtilement à ce que je fasse le contraire. Enfin, je pourrai toujours vous montrer ce que cela fait, si un beau jour vous veniez à changer d'avis.

Pour souligner ses propos, il leva l'index et fit doucement tourner son poignet afin de créer un petit courant d'air qui vint ébouriffer les cheveux bruns de l'homme qui le dépassait de plusieurs centimètres. Callum songea lorsqu'il croisa son regard que, bien qu'il ait déjà vu plus grand, il trouvait que son interlocuteur détenait une présence bien plus imposante que certains.

Du genre à régler ses problèmes sans la magie.

— Mais je ne vous le conseille pas... À moins que vous ne soyez amateur de sensations fortes ?

Il s'autorisa un léger sourire taquin, épiant la réaction du curieux.